Ma vigne pousse (Gaston Couté)
Je compte bientôt soixante vendanges,
N’empêche que j’ai planté l’an dernier,
Le jour où ma vigne emplira ma grange
Ses pieds descendront chatouiller mes pieds.
Mais, déjà mes yeux la voient, fière et douce
Ainsi qu’une fille allant à l’amour,
Forte comme un gas qui vient des labours
Et mon coeur sourit car ma vigne pousse.
Refrain :
Ah ! lon la ! ma vigne pousse ! lon la !
C’est l’avenir qui pousse là !
Ma vigne verra crever la bêtise,
Les croix tomberont des dieux inhumains
Dont le prêtre boit tout seul à l’église,
Tout le monde aura le calice en main !
Ma vigne verra les noces sincères
De beaux amoureux s’aimant librement,
Sans jamais mentir, même d’un serment,
Et ne sachant plus le chemin du maire.
(au refrain)
Ma vigne verra chasser la misère
Tous les assassins à ventre de loups,
Noieront leurs couteaux dans l’eau des rivières
Pour chanter son vin sur des airs très doux.
Les errants maudits et les sans asile
Seront des rêveurs qui viendront le soir
Boire en la liqueur tendre du pressoir
Le ciel qui se mire au creux des sébiles.
(au refrain)
Ma vigne verra fusiller la guerre,
Ses raisins de paix en paix mûriront ;
Leur sang rougira seul les bouches claires
Qui refuseront celles des clairons.
Ma vigne verra tomber les frontières,
Et les ennemis des temps disparus,
Allonger les bras après avoir bu
Pour reboire un coup et choquer leurs verres.
(au refrain)
Ma vigne verra les temps d’harmonie,
Les enfants viendront comme ses raisins ;
Les sentiers seront moins beaux que la vie,
Les hommes auront la bonté du vin.
Ah ! ma vigne forte ! Ah ! ma vigne douce !
On me dit : Pourquoi rêver tout cela
Vieux qui doit mourir quand tantôt viendra ?
Je mourrai tantôt, mais ma vigne pousse !
(au refrain)