Le vilain gâs ! (Gaston Couté)
Ohé ! Là-bas,
Vous qui dansez en rondes claires,
Écoutez ça : c’était un pauvre gâs !
Au temps des contes de grand’mères,
C’était un rustaud si laid,
Si laid, si pauvre, et si bête
Que, pour danser dans les fêtes,
Nulle fille n’en voulait !
Ohé ! Là-bas,
Vous qui tournez par couples roses,
Écoutez ça : c’était un pauvre gâs !
Ses vingt ans murmuraient des choses
Et son coeur n’était point sourd.
Il en eut telle souffrance
Qu’il mourut, un soir de danses,
Au son des crincrins d’amour.
Ohé ! Là-bas,
Vous qui savez les baisers tendres,
Écoutez ça : c’était un pauvre gâs !
Le vieux sonneur alla descendre
Son méchant corps au tombeau.
Mais du froid cercueil de planches
Son coeur, au temps des pervenches,
Monta vers l’amour nouveau.
Ohé ! Là-bas,
Vous qui passez, les gais dimanches,
Écoutez ça : c’était un pauvre gâs !
Son âme prit corps de pervenche...
Et, comme une fille allait
Vers les danses coutumières,
Cueillit la fleur printanière
Pour la mettre à son corset...
Ohé ! Là-bas,
Vous qui tournez en rondes claires,
Écoutez ça : c’était un pauvre gâs !...